
L’ENVOLÉE
- Sylvie Plante

- 25 juin 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 juin 2024
SE DÉPASSER
Après notre incubation dans Ojén, nous étions prêtes à prendre notre envolée et pousser plus loin l’aventure. Nous avons loué une automobile et sommes parties à la découverte de Álora, une région où les routes sillonnent tout autour des montagnes majestueuses.
C’est impressionnant. C’est imposant. C’est à couper le souffle.
Charlie s’est dévoilée être une parfaite conductrice. Elle a pris le temps de s’adapter à la conduite qui ressemble à celle du Québec, agressivité en moins. Les limites de vitesse sont similaires, quoique sur les autoroutes, c’est fréquemment 120 km/h.
Pour se rendre à notre destination, Charlie a poussé la petite Fiat avec conviction en direction du pic et elle a pris les détours non sans nervosité! Bien entendu! Je ne t’ai pas parlé de l’étroitesse des routes. C’était comme dans les films. Imagine la falaise d’un bord et les parois rocheuses de l’autre, quand au tournant on voit se pointer le bout du nez d’un autobus ou d’un camion, je peux t’assurer qu’on apprend à garder la droite et on se tient les fesses serrées.
UN ALLIÉ DE CHOIX
Avec son chapeau de cowboy et ses airs un peu western, notre hôte Andrew sied parfaitement dans ce paysage. Il est attentionné, avenant… si accueillant. On se sentait en sécurité et bienvenues. Dès notre arrivée à la barrière, il est venu à notre rencontre. Après nous avoir donné les indications de base (où se trouvent les clés, le panier à pique-nique, etc), il nous a invité à aller se baigner dans leur magnifique piscine creusée.
Notre emplacement était parfait: un wagon de cirque qu’on a déposé sur un lopin de terre. Un endroit pour relaxer, se retrouver, calmer le bruit dans notre tête. La décoration a été pensée avec moult détails. Tout était coloré et placé avec minutie: même les savons à mains étaient de différentes couleurs: blanc, vert, bleu. Difficile d’être déprimée dans un tel environnement.
Après avoir déposé nos choses, on est descendues à la piscine où nous étions seules. Charlie est restée au bord à admirer le paysage pendant que je m’amusais dans l’eau fraîche. Ensuite, comme il y avait quelques chaises à ma disposition, j’en ai choisi une qui me plaisait. Cette information est primordiale dans l’histoire: j’ai délibérément choisi cette chaise. Donc, je m’assoie pour enfiler mes bas et souliers lorsque ça se met à bourdonner fort. Très fort!!! Je réalise assez vite que je ne suis pas bienvenue sur cette chaise-là. Je me mets à me taper dessus et j’émets des cris de surprise. Évidemment, sous le regard estomaqué de ma fille, je me lève et je quittte assez rapidement la place.
Ma place de choix.
Je pensais que j’avais été envahie par des mouches à chevreuil mais c’était un essaim de guêpes! Maudit! Aaaaouchhh!!! Je retourne dans l’eau pour apaiser la douleur que j’ai au poignet. Heureusement, je n’ai qu’une seule piqûre.
Les gens qui me connaissent de près savent combien dans ma vie, il m’est arrivé des mésaventures qui se terminent trop souvent par: « Ah… je ne comprends pas, madame. C’est la première fois que ça arrive. Pourtant ça fait 75 ans que je fais ce métier et je n’ai jamais rien de vu de tel! » Ou encore: « Je suis désolée d’avoir versé du thé dans votre café. Ça ne m’est jamais arrivé auparavant! ». Tu vois le genre de truc? J’exagère à peine.
Donc, Charlie informe Andrew de notre histoire pour qu’il puisse remédier à la situation. S’il arrivait qu’une personne soit allergique par exemple, ce serait bien qu’il sache. Il nous écrit pas longtemps après, il s’est fait agresser lui aussi. Il ne comprend pas.
(Évidemment. Je le crois.) Il a fini par trouver: derrière la chaise, les guêpes avaient commencé à faire leur nid. Les pôvres! Si ça se trouve, je devais écraser leur belle reine. Andrew a pris la situation en mains. Il pris soin d’éloigner les guêpes, puis a détruit le nid. Elles trouveront bien un coin dans cette belle nature environnante.
ÉLEVER SON ÂME…
Les matins étaient mes moments préférés. Je montais m’asseoir sur une petite bute déjà aménagée, prenais un bon verre d’eau en regardant se lever le soleil. Il apparaissait entre deux montagnes comme sur nos dessins d’enfants, tout doucement, puis il s’élevait et étirait ses rayons. Tout joyeux. Les oiseaux partaient en ascension vers ce dieu-lumière et chantaient leurs plus belles mélodies comme s’il n’y avait pas de lendemain. Une mise en scène spectaculaire sur ce fond de toile burlesque.
…JUSQU’AU SOMMET
Notre activité principale à Alorá était la visite du Caminito del Rey (Chemin du roi). C’est une passerelle aménagée tout le long des falaises. On s’est retrouvées suspendues dans les airs, au sein de cette magnificence.
Cette expérience m’a poussé à revoir certaines balises; perceptions par rapport à l’espace, et par rapport à mon identité dans ce monde. On est si petit. Charlie et moi, on n’avait cesse d’admirer la grandeur de cette imposante architecture.
On nous a expliqué que pendant plusieurs années, des alpinistes venaient dans ces lieux pour pratiquer leur sport. Ce que notre ami espagnol nous a confirmé. Cependant, il y aurait eu un accident mortel où trois jeunes hommes seraient tombés en s’accrochant sur un câble plutôt désuet: il était rongé par le soleil et les intempéries. Depuis, l’accès libre est formellement interdit. Nous, on vivait un malaise partagé. Il nous semblait indécent d’être là à admirer ce paysage, en opinant du bonnet pendant qu’on nous dupliquait cette tragédie. Ça nous semblait indécent, à la limite du voyeurisme. Ça m’a plongé dans des réflexions profondes quant au tourisme… Qui en bénéficie réellement?
Pour terminer ce merveilleux et pour le moins mitigé périple, nous avons été faire une petite visite à Ronda où on nous a vanté les mérites du coucher de soleil. Nous n’avons pas été en reste!
Nous nous sommes atablées sur cette terrasse qui surplombait l’abîme. C’était magique. La bonne compagnie, la bonne bouffe, le bon vin, la vue splendide, que demander de plus? Quel privilège avons-nous d’être là!
Cette escapade dans Alorá nous a permis de prendre notre envolée sur plusieurs facettes: on a pris de l’assurance, on s’est permises de se laisser aller à l’admiration et nos réflexions ont pris une profondeur inatendue. Comme quoi, la nature ne nous laisse pas indifférentes.
EN VRAC
« Clown around » au wagon de cirque;
Bloopers touristiques;
Notre chat de garde; celui qui nous accompagnait aux toilettes la nuit;
Autres couchers de soleil;
Charlie, encore et toujours armée de son Tinto de verano;
Petite pensée pour nos épicuriens.
Voici une réflexion matinale de notre Charlie nationale. Après quelques jours en Espagne, la voilà anglophone. 😏😅
***Pour bien l’entendre, il te faudra lever le volume au max.



































































































Comme c’est beau et ton écriture est très intéressante 🌞🌞🌞un gros merci de partager ce magnifique voyage ♥️♥️♥️🥰😘🌞
Ahhhh tellement un beau voyage ❤️
Deux points :
Comment tu fais pour toujours inventer des nouveaux mots? "sied".. Qui dis ça??
Les levées de soleils sont magnifiques! Ça me rappel la Gaspésie où tu m'as fais découvrir ces trésors cachés. La fraîcheur matonal, le calme, l'ambiance qui se réveille tranquillement.. ça se sent ai travers ces photos.
La vue était magnifique aux rocheuses 😍👌🏽
By the way, oui j'ai googlé "sied", merci de manier si bien la langue française ❤️
Xxx
😍😻😍😻😍